du 17 janvier 2008 |
EN DIRECT DU NEW YORK |
AVEC 53 PROFESSEURS ET DES CHEFS RÉPUTÉS
LA TRADITION DE LA CUISINE FRANÇAISE SE PERPÉTUE AU FRENCH CULINARY INSTITUTE
Depuis 1984, l'institut se donne pour mission de former, en six mois, des étudiants à la cuisine française, et plus récemment, italienne. Visite guidée, avec Alain Sailhac, doyen émérite de l'école, des salles de classe - les cuisines - et du restaurant.
Alain Sailhac, doyen émérite du International Culinary Center (ICC). |
Apprendre
la cuisine italienne au French Culinary Institute de New York ? C'est à y
perdre son latin ! Le 'French Culinary Institute' (FCI) a d'ailleurs changé
de nom en 2006 pour devenir l'International Culinary Center (ICC). Il propose désormais
un programme d'apprentissage de cuisine italienne (deux mois et demi à New
York puis neuf semaines à Alma, l'école internationale de cuisine italienne
de Parme). Les étudiants suivent en prime des cours d'italien et doivent effectuer
un stage de neuf semaines dans un restaurant en Italie. "Il y a un engouement
aux États-Unis pour la cuisine italienne, encore plus en dehors de New York,
comme en Californie. C'est une cuisine 'confortable'", affirme Alain Sailhac,
le doyen du ICC et ancien chef du prestigieux restaurant new-yorkais Le Cirque.
Sur le long terme, la mise en place d'un programme
de cuisine japonaise n'est pas exclue : "La cuisine japonaise a des similarités
avec les techniques françaises, notamment dans la précision", dit
Alain Sailhac. Au changement de nom de l'école correspond aussi un changement
de management : Alain Sailhac est devenu le doyen émérite tandis que Nils
Noren, l'ancien chef d'Aquavit, un restaurant de Manhattan très en vue,
a repris les rênes de l'établissement. La présidente de l'institut
reste Dorothy Cann Hamilton, la fondatrice.
L'école, située en plein
coeur du quartier vibrant de Soho, n'a cessé de s'agrandir : de 1 000 m2
à l'origine en 1984 à 3 000 m2 en 1997 et 7 700 m2
en 2006. L'expansion de l'école passe par des liens tissés dans le monde
entier : le gouvernement irlandais, par le biais du conseil en charge du tourisme,
a demandé au ICC de reformuler le curriculum de certaines écoles de cuisine
du pays, afin de les aider à mieux intégrer la théorie et la pratique.
"Nous explorons toutes les options intéressantes, dans des marchés
dynamiques" précise Nils Noren.
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Élèves et professeurs en cours de pâtisserie. |
L'apprentissage des techniques
françaises
Qu'on ne s'y trompe pas,
Alain Sailhac, 72 ans, n'a pas déserté les cuisines de l'école, bien
au contraire… Quand il vous la fait visiter, la verve sans faille et l'allure
fringante, il salue les toques (les professeurs) et les étudiants, demandant
des nouvelles des enfants par-ci, souhaitant de joyeuses fêtes par-là.
Il est partout : des salles de classe (autrement dit, les cuisines) à la
salle du restaurant de
l'école (qui s'appelle d'ailleurs 'L'École'). Il vérifie que tout
est parfait, dans les moindres détails. "L'école reste centrée
sur la cuisine française, c'est le solfège, explique-t-il. L'esprit
français a inventé les techniques. L'école a une excellente réputation,
parce que nous ne voulons pas faire autre chose. On ne veut pas faire 'trendy' (à
la mode)." Le nom 'French Culinary Institute' n'a d'ailleurs pas disparu
: il coexiste avec celui d'ICC.
Le management a bien volontiers accordé une
concession aux tendances actuelles : l'accent est mis désormais sur les cours
de nutrition appliquée et d'hygiène. "Ces cours sont absolument nécessaires.
Nous voyons d'ailleurs de plus en plus de docteurs venir étudier la cuisine
ici, car ils comprennent que la santé est un tout", explique Alain Sailhac.
Un Californien de 25 ans rencontré dans la classe consacrée à la
préparation des buffets, raconte qu'il a décidé de faire une année
de césure pour apprendre la cuisine avant de finir ses études de médecine
à la prestigieuse université de Yale. S'il compte bien exercer plus
tard, son but est d'ouvrir un restaurant orienté sur la nutrition saine. "Un
étudiant américain veut avoir son propre business, comme un restaurant
ou un service de traiteur. Cela change entièrement la philosophie", assure
Alain Sailhac.
Six mois de formation
À l'origine, l'idée
de Dorothy Hamilton était d'ouvrir une école où six mois de formation
(soit 600 heures) suffiraient à être opérationnel en cuisine,
contrairement aux autres écoles comme le Culinary
Institute of America (CIA) où la formation dure en moyenne deux ans. "On
les forme à être apprenti. Ensuite il faut travailler avec un chef",
précise Alain Sailhac. Pour la somme de 38 000 dollars (25 800 E), tout se
passe en cuisine et les étudiants, dès le premier jour, mettent la main
à la pâte (feuilletée). "J'ai voulu appliquer l'organisation
d'une cuisine à l'école", explique-t-il. Le cursus est constitué
de six niveaux (environ un mois par niveau). Au niveau 3, les étudiants apprennent
par exemple à accorder le vin et les plats (des cours que les étudiants
ne sèchent jamais, dixit Alain Sailhac). Tandis que les élèves des
niveaux 5 et 6 préparent les services du restaurant. Les étudiants qui
suivent les cours du soir (17 h 30-22 h 30) préparent le deuxième service
du soir (75 couverts), le service de 17 h 30 étant assuré par les anciens
élèves.
L'école compte aujourd'hui 53 professeurs
qui ont la licence. Le salaire de base d'un professeur est de 45 000 dollars (30
500 E) par an pour un temps plein, cinq jours par semaine. La rémunération
grimpe ensuite avec l'ancienneté. Pour avoir la licence, ils doivent réussir
un test qui évalue leur talent culinaire, mais aussi leur capacité à
s'exprimer clairement. "Un professeur doit avoir de la patience, répéter
autant de fois que nécessaire", affirme Alain Sailhac.
Un réseau de chefs stars
Au mur dans un couloir de
l'école, les empreintes des mains de chefs stars, qu'ils soient anciens élèves
comme Bobby Flay ou 'amis' de l'école comme David Bouley et Éric Ripert.
Mais avant d'atteindre le succès, le chemin commence sur le mur d'en face :
celui des offres d'emploi. Les étudiants se voient proposer entre 3 et 4 postes
à la sortie, payés entre 6 et 18 dollars de l'heure, dans des restaurants
offrant tous types de cuisine. "Si seulement les restaurants français
recrutaient, cela ferait longtemps que l'on aurait fermé l'école",
dit Alain Sailhac avec une pointe de nostalgie, regrettant l'époque où
les restaurants français de New York constituaient le 'top du top'. Il n'empêche
que les offres affichées portent quasiment toutes la mention 'French influence'
(influence française). Que l'on se rassure, les gardiens du temple de l'institut
veillent à la transmission du précieux héritage.
Laure
Guilbault zzz99
zzz68v
The International
Culinary Center
462 Broadway
New York, NY 10013-2618
Tél. : 00 1 888 324 24 33 ou 00 1 212 219 88 90
internationalculinarycenter.com
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L'Hôtellerie Restauration n° 3064 Hebdo 17 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE