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du 10 janvier 2008
EN DIRECT DU BRÉSIL

COMPTANT 22 000 ÉTABLISSEMENTS

AU BRÉSIL, LE MARCHÉ HÔTELIER PREND SON ENVOL

Après quelques années difficiles, l'hôtellerie brésilienne semble avoir de beaux jours devant elle. Les principaux groupes cherchent à investir sur ce marché considéré comme un tremplin pour l'Amérique du Sud.


La plage d'Ipanema, à Rio de Janeiro.

Rio et ses plages paradisiaques, Iguaçu et ses chutes classées parmi les trois plus importantes au monde, l'exubérante Amazonie, le carnaval frénétique… Toutes ces cartes postales font rêver et attirent les visiteurs dans l'un des 22 000 établissements hôteliers du pays. 5 millions d'étrangers se sont rendus au Brésil en 2006 selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), générant 4,4 milliards de dollars de recettes. Le Brésil est ainsi le pays d'Amérique du Sud le plus touristique, devant l'Argentine (4,2 millions d'étrangers), et occupe le 37e rang des pays les plus visités au monde.
L'attraction qu'exerce le pays n'aura pas empêché 2006 d'être une année difficile pour l'hôtellerie. Le nombre de visiteurs a marqué un recul de 6,3 % par rapport à 2005. "Après une phase de croissance et de rattrapage en 2004, puis d'expansion en 2005, les segments hôteliers et touristiques ont été affectés indirectement, en 2006, par l'absence d'investissements en infrastructures, le déclin de la compagnie qui était le principal opérateur aérien brésilien (Varig) et le début de la crise aérienne, indique John Auton, du cabinet d'audit Deloitte. De plus, le dollar dévalorisé a éloigné les touristes étrangers, qui ont cherché des destinations moins chères pour leurs vacances." Selon Roland de Bonadona, directeur général d'Accor Hospitality pour l'Amérique du Sud, "le secteur hôtelier connaît, depuis 2005, un rattrapage des prix et des taux d'occupation. Mais São Paulo continue à pratiquer les prix hôteliers les plus bas parmi les dix principales capitales d'Amérique latine. Avec le développement des affaires en général, l'hôtellerie urbaine est une priorité. Le segment économique se développe très bien et le moyen de gamme commence son rattrapage. La catégorie haut de gamme connaît encore quelques fragilités et les resorts inspirent de l'inquiétude : la chute du dollar, la compétition avec les croisières et la crise aérienne ont un impact direct dans ce secteur."


Au Brésil, Accor Hospitality s'affiche comme le leader dans les segments du tourisme d'affaires et de loisirs.

117 projets hôteliers en cours
L'expansion de l'économie brésilienne réussit au tourisme d'affaires, et le potentiel de développement est important. "Le Brésil est la onzième économie mondiale. C'est le troisième pays par sa taille et sa population en Amérique, et le cinquième au niveau mondial, rappelle-t-on au cabinet Deloitte. Les investissements étrangers devraient s'élever à 3 milliards de dollars d'ici à fin 2008. Parmi les principaux investisseurs, figure le groupe Pestana qui a huit hôtels au Brésil et qui prévoit d'investir environ 115 millions de dollars dans un resort dans le nord-est du pays, à Porto de Galinhas. Au Brésil, il y a 117 projets hôteliers d'importance en cours, dont 47 dans le nord-est et 39 dans le sud-est." Le secteur hôtelier prend ses marques, même si les difficultés ne manquent pas : "des impôts lourds, des infrastructures très pauvres (notamment routières), une bureaucratie excessive et un manque de sécurité", énumère le cabinet Deloitte.

Un marché convoité
Implanté depuis trente et un ans au Brésil, Accor Hospitality s'affiche comme le leader dans les segments du tourisme d'affaires et de loisir. Ce sont au total 8 000 collaborateurs, 134 hôtels (le quatrième parc hôtelier du groupe, derrière la France, les États-Unis et l'Allemagne) et plus de 23 000 appartements sous les enseignes Sofitel, Novotel, Mercure, Ibis et Formule 1. Ce pays bénéficiera d'investissements supérieurs à 500 millions de dollars d'ici à 2012, et mettra l'accent sur les franchises, considérées comme "stratégiques pour le développement d'Accor Hospitality". "27 % des hôtels Accor dans le monde sont franchisés, souligne Roland de Bonadona. Aujourd'hui, l'entreprise a 9 hôtels franchisés en fonctionnement au Brésil : 5 de la marque Ibis, 2 Mercure et 2 Novotel. L'objectif est d'augmenter le nombre d'hôtels en fonctionnement par le moyen des franchises dans les prochaines années. Nous sommes d'ailleurs en train d'étudier près de 100 villes brésiliennes ayant un potentiel pour l'ouverture d'unités franchisées." /font>
À l'instar d'Accor Hospitality, nombre de groupes hôteliers considèrent le Brésil comme un marché attractif et un tremplin pour l'Amérique du Sud. Disposant actuellement de 16 adresses, InterContinental Hotels Group a annoncé la construction de 4 nouveaux établissements Holiday Inn et Holiday Inn Express d'ici à la fin 2008, à Manaus, Natal, Foz do Iguaçu et Aparecida do Norte. "Le développement économique continu de ce pays alimente les secteurs des affaires et du tourisme, ce qui offre une place énorme pour la croissance de toutes nos marques", estime Alvaro Diago, président d'IHG en Amérique latine. Le groupe Hilton Hotels s'est, pour l'instant, positionné sur le marché 'corporate' en implantant 2 établissements dans les villes de Belém et São Paulo, et le vice-président Hilton pour l'Amérique latine, Tom Potter, prévoit que "l'introduction de Doubletree, Embassy Suites, Hilton Garden Inn et Hampton Inn, remportera un grand succès sur les différents marchés à travers le pays." Douglas M. Smith, managing director de Wyndham International Hotel Group, décrit quant à lui le Brésil comme un "marché crucial" dans un avenir proche, dans le cadre du plan de développement spécifique du groupe en Amérique latine : "Nous envisageons un mélange de propriétés 'upper midscale' et 'upscale' dans les marchés clés des affaires et des loisirs."
Il faut dire que l'Embratur (Institut brésilien de tourisme) fait son maximum pour inspirer confiance. Depuis 2005, l'Institut promeut activement la destination brésilienne au travers de son plan Aquarela. L'ambition est d'atteindre les 7,9 millions de visiteurs étrangers d'ici à 2010 et de rejoindre le top 20 des pays récepteurs.
Violaine Brissart
zzz99

Une troisième adresse pour Orient-Express Hotels Ltd

 
Le légendaire Copacabana Palace, à Rio de Janeiro, propose 222 chambres et suites, fait partie du groupe Orient-Express Hotels Ltd depuis 1989.

Orient-Express Hotels Ltd a fait ses premiers pas au Brésil en 1989, avec le rachat du célèbre Copacabana Palace à Rio. Après une quinzaine d'années sans nouveautés, 2007 a été marqué par deux annonces. "Notre développement à l'échelle mondiale repose sur une stratégie d'opportunités. Nous nous déployons uniquement si un hôtel ou un terrain exceptionnel est à vendre", explique Yann Guezennec, directeur commercial et marketing France.
En juin, le groupe de luxe a signé un contrat pour l'acquisition d'un terrain de 185 000 m2 en bord de mer dans le Saint-Tropez local : Buzios, à 180 km au nord de Rio. Après vingt mois de travaux s'élèveront un hôtel de 40 chambres et 17 villas privées, d'une superficie allant de 200 à 400 m2. En octobre, le groupe a également signé sa troisième adresse brésilienne en acquérant l'Hotel das Cataratas, seul établissement situé dans le parc national d'Iguaçu (classé au patrimoine mondial de l'Unesco). Construit dans le style colonial portugais, le bâtiment compte 200 chambres dont la plupart ont vue sur les chutes. "Nous cherchons à travailler les destinations de façon complète, intégrée, en étant présent sur les principaux axes touristiques de cette région", souligne Yann Guezennec.


Qui visite le Brésil ?

En 2006, le Brésil a principalement accueilli les visiteurs issus des dix pays suivants : l'Argentine (921 061), les États-Unis (721 633), le Portugal (312 521), l'Italie (291 898), l'Uruguay (290 240), l'Allemagne (277 182), la France (275 913), l'Espagne (211 741), le Paraguay (198 958) et le Royaume-Uni (169 627). Depuis 2003, les Français occupent le 7e rang. Leur nombre est allé crescendo entre 2005 et 2006, marquant une hausse de 4,58 %. "Depuis l'année du Brésil en France (en 2005, NDLR), les Français ont été sensibilisés à ce pays et ne le réduisent plus à Rio seulement", observe Yann Guezennec, directeur commercial et marketing France d'Orient-Express Hotels Ltd. Selon l'Embratur (Institut brésilien de tourisme), 42,4 % des Français vont au Brésil pour leurs loisirs, 29,7 % pour participer à des événements, des conventions ou d'autres voyages d'affaires, et 25,6 % pour rendre visite à des connaissances.


Un Mercure au milieu des vignes brésiliennes


La Villa Europa, ouverte en septembre, aura nécessité un investissement de près de 13 millions d'euros.

Fin septembre, le réseau Mercure a inauguré une nouvelle adresse dans le sud du Brésil : la Villa Europa. L'hôtel franchisé, qui aura nécessité un investissement de près de 13 millions d'euros, s'élève dans le Vale dos Vinhedos, région viticole la plus visitée du pays. Outre un spa de vinothérapie Caudalie, l'établissement devrait bientôt proposer des cours de gastronomie et de dégustation à ses clients.
La décoration des 104 appartements et 24 suites fait écho à l'histoire de la région et aux immigrants italiens qui, dès le XIXe siècle, s'installèrent dans la vallée et y cultivèrent des pieds de vigne. Le mobilier d'époque côtoie des pièces inspirées de l'ébénisterie d'antan.
Concernant la gastronomie, les influences oscillent entre l'Italie (Trattoria Damigiàna) et la France : le chef Philippe Remondeau a signé le menu du restaurant Leopoldina, et Fabrice Le Nud les pâtisseries des brunchs.
Le complexe aura suscité un fort engouement : 3 500 CV ont été reçus pour les 100 postes proposés, "un chiffre record dans les hôtels nationaux", assure Accor Hospitality.
Implanté au Brésil depuis 1998, le réseau Mercure compte aujourd'hui 68 établissements présents dans 32 villes.


Rio 180° vise le haut de gamme

Récemment ouvert à Rio de Janeiro, le Rio 180° tire son nom de sa vue panoramique englobant la baie, le Pain-de-Sucre et le Christ Rédempteur. "C'est tout d'abord un hommage à Rio. Pour l'aménagement des huit chambres et de l'ensemble des espaces communs, nous avons laissé une totale liberté à 23 architectes et designers autour d'un seul thème, Rio, décliné autour de ses quartiers (Ipanema, Copacabana…) ou de sa culture", explique le directeur général, Saïd Mimouni. Cet établissement de luxe (entre 250 et 340 euros la chambre) s'est inspiré des palaces pour son programme My Suite : les clients remplissent un formulaire avant leur séjour et choisissent les fruits qu'ils auront au petit-déjeuner, le parfum de leurs savons, leur type d'oreillers… Le Rio 180° propose des services personnalisés à ses clients, notamment en mettant à leur disposition un majordome qui peut les accompagner dans leurs déplacements et à la découverte de la ville. "Le luxe en général, et les petits hôtels de charme design en particulier, représentent un marché en train d'exploser au Brésil", remarque Saïd Mimouni, ancien consultant en management dans l'hôtellerie de luxe.
Néanmoins, il n'est pas facile pour un Français de créer une telle structure. "Les procédures administratives sont lourdes. Concernant les ressources humaines, on rencontre des difficultés pour trouver du personnel opérationnel parlant plusieurs langues. Il est aussi dur de trouver des fournisseurs efficaces et disponibles. Mieux vaut, pour faire le bon choix, suivre les recommandations d'autres professionnels, résume le directeur général. Il faut vraiment bien préparer son projet et s'adapter au maximum. La culture d'affaires et le management des salariés sont très différents de la France. Au Brésil, pour des raisons historiques comme par exemple les périodes de forte inflation d'avant le Plan real, la vision est toujours le court terme, ce qui n'est pas toujours facile à gérer pour nous."


Le Blé Noir persiste et signe


Alain Caro.

Le Breton Alain Caro a ouvert une crêperie, Le Blé noir, à Rio. Expatrié au Brésil en 1997, cet agent EDF demande un congé 'création d'entreprise', ce qui lui permet de lancer son activité et d'avoir pendant cinq ans la possibilité de revenir chez EDF. Son affaire tourne, il démissionne de l'entreprise en 2005 et prévoit d'ouvrir une seconde adresse.

L'Hôtellerie Restauration : Vos débuts dans la restauration ont-ils été difficiles ?
Alain Caro : Oui, plutôt. En 1999, j'ai monté une crêperie dans un village à l'est de Bahia. Cette première expérience a duré huit mois, car les touristes ne venaient que deux ou trois mois par an. Le reste du temps, c'était morne plaine. Puis je me suis installé à Rio, dans le quartier de Copacabana, en 2000. Pendant six mois, c'est resté vide. Personne ne connaissait les crêpes au blé noir, et le cidre avait mauvaise réputation… Puis le bouche à oreille et des reportages ont commencé à faire leur effet.

Et aujourd'hui ?
J'emploie neuf personnes. La salle de 30 couverts est trop petite, et on va déménager d'ici peu pour accueillir 50 couverts. Avec mon associé, on va aussi ouvrir une autre crêperie à São Paulo en 2008.

Quelle est votre clientèle ?
On vise les Brésiliens avec un certain pouvoir d'achat. Nos prix sont élevés par rapport au revenu moyen, car la plupart de nos produits sont importés : les crêpes salées sont proposées entre 7 et 18 euros, et les sucrées entre 2 et 10 euros.

Quels conseils donneriez-vous à un Français qui compte s'installer au Brésil ?
Il faut s'installer dans une grande ville et bien choisir son quartier en fonction de la clientèle visée. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, un certain capital est nécessaire pour s'installer. Dans un quartier chic comme Ipanema ou Leblon, le pas de porte pour un local de 60 m2 s'élève à 150 000 euros.
Il faut aussi savoir qu'un Français ne peut pas ouvrir un commerce tout seul. Il doit s'associer à un Brésilien, épouser une Brésilienne ou investir un certain montant. Il faut aussi être très patient. Par exemple, ici, les virements existent très peu. Alors il faut être prêt à perdre deux heures par jour à la banque pour payer ses factures…

Pour retrouver d'autres conseils et reportages sur le Brésil : cliquez ici

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L'Hôtellerie Restauration n° 3063 Hebdo 10 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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