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	du 3 janvier 2008	CONJONCTURE

Rivalisant avec la côte d'azur

MARSEILLE AMBITIONNE DE DEVENIR LA DESTINATION PHARE EN MÉDITERRANÉE

En première ligne lors de la Coupe du Monde de Rugby, la cité phocéenne a pris un nouveau départ en jouant la carte du tourisme d'affaires et en essayant de capter une clientèle à fort pouvoir d'achat. Autre défi : devenir une ville touristique à part entière.

Dominique Vlasto, adjointe au maire chargée du Tourisme.

C'est l'arrivée de trois nouveaux hôtels 4 étoiles en 2006 - le New Hotel Bompard La Corniche, la Villa Massalia du groupe Concorde et le Radisson - qui a lancé la nouvelle donne sur Marseille, avec une nouvelle stratégie : séduire les plus riches et rivaliser avec la Riviera-Côte d'Azur. "Nous avions une vraie pénurie de chambres en 4 étoiles pour une métropole régionale de plus de 1 million d'habitants, ce qui était un véritable handicap. Nous ne pouvions ni recevoir une clientèle d'affaires individuelle de haut niveau, ni une clientèle de congrès et de séminaires, haut de gamme elle aussi, affirme Maxime Tissot, directeur général de l'office de tourisme et des congrès de Marseille. Et de poursuivre : Par ailleurs, les taux d'occupation relevés dans les baromètres de la profession, aux alentours de 83-84 % sur l'année, toutes catégories d'hôtels confondues, nous confortaient dans notre réflexion."

Encore fallait-il prévoir le remplissage de ces nouvelles unités luxe. "Sans développement économique, cela n'aurait eu aucun sens, déclare Dominique Vlasto, adjointe au maire chargée du Tourisme. Nous avons donc travaillé à développer les infrastructures en même temps que l'hébergement : nous avons ouvert l'aérogare MP2 pour les low costs tout en réaménageant la gare Saint-Charles dans le cadre du développement d'Euro Med. Mais nous avons également construit un tramway, prolongé la ligne de métro, et avons même en projet la réalisation d'une rocade pour désengorger les bords de la ville. Par ailleurs, nous sommes en train de créer le premier pôle nautisme, ainsi qu'un pôle de réparation des bateaux de croisières, unique en Europe, poursuit-elle. C'est dire si nous croyons au renouveau de Marseille."  

L'arrivée d'une nouvelle clientèle

La prise de conscience de ce renouveau date en réalité de la Coupe du Monde de Football en 1998. "Nous avons senti le besoin de nous mobiliser autour de cet événement, déclare Alain Paulin, représentant de l'hôtellerie indépendante. Tous les hôtels, ou presque, sur la place, ont entrepris des travaux de rénovation pour être aux normes et proposer le meilleur accueil. Ce fut un grand moment de solidarité." Et Loïc Fauchille, directeur général du Sofitel Vieux Port, de renchérir : "Nous avons assisté à l'arrivée d'une clientèle nouvelle, plus fortunée et plus dépensière, plutôt internationale. Nous le constatons d'ailleurs au travers de notre prix moyen qui s'est amélioré passant de 120 E à mon arrivée en 2000 à 239 E en 2007, avec un prévisionnel à 250 E en 2010."

Pourtant, tous n'affichent pas le même optimisme. "L'ouverture de toutes ces chambres 4 étoiles a provoqué un tassement dans l'occupation des hôtels existants, déclare Domenico Basciano, président des hôtels de chaînes de la Fédération de l'industrie hôtelière (FIH) 13. Regardez les chiffres. Nous affichons un taux d'occupation annuel aux environs de 60 %, alors qu'en 2006, nous étions à 67,4 %, déjà en deçà de quelques points par rapport à 2005. Ce sont surtout les unités 2 et 3 étoiles qui font le plein." Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne croit pas en l'avenir de la cité phocéenne : "Nous souhaitons surtout un développement mesuré. Ainsi, aurait-il été plus judicieux de créer des pôles d'animation pour cette nouvelle clientèle, avant même de penser à son hébergement, car si l'on veut qu'elle séjourne plus longtemps, il faut l'attirer par des loisirs. Ce que confirment également tous les professionnels, qui se déclarent unanimes à réclamer un casino sur la ville." 

Le tourisme, avenir de la ville

Pour le moment, du côté de la mairie de Marseille, on ne bronche pas : "Les priorités vont au développement culturel", déclare Dominique Vlasto. Est-ce le souvenir d'un passé que la ville veut définitivement oublier ? Toujours est-il que le dossier n'est pas évoqué en mairie. Par ailleurs, d'autres freins bloquent le développement du tourisme, comme le manque notoire de places de parking ou la mauvaise signalétique. "Deux facteurs indispensables pour développer le tourisme individuel", souligne une hôtelière.

Pourtant, Marseille poursuit son développement touristique annonçant, pour 2008, l'ouverture de plusieurs hôtels, dont un Marriott, un Suitehotel près de l'aéroport, mais surtout un InterContinental en lieu et place de l'Hôtel-dieu. Quant au Sofitel Vieux Port, il annonce une vaste politique de rénovation. "Nous allons effectuer des travaux pour 5 millions d'euros : refaire totalement le lobby et le bar, et rendre nos suites encore plus attractives, en y ajoutant de vastes terrasses avec vue sur le Vieux Port."

Là encore, certains grincent des dents. "Implanter des hôtels 4 étoiles, c'est bien, mais ça fait monter les prix du foncier", déclare Domenico Basciano. Quant à faire de Marseille une destination touristique, le pari n'est pas gagné : "Il faut d'abord changer les mentalités." Car les Marseillais ne croient pas au tourisme. Il suffit d'écouter les chauffeurs de taxi à la sortie de l'aéroport Marseille-Marignane : "Des touristes à Marseille ? Non, les touristes ne sont pas ici, ils sont sur la Côte-d'Azur. Chez nous, ce sont les affaires !"

Pour la cité phocéenne, un nouveau défi : convaincre ses habitants que le tourisme est l'avenir de la ville. Un beau challenge pour les années qui viennent.
Évelyne de Bast zzz36v zzz70

Complément d'article 3062p20
L'évolution du parc hôtelier marseillais et les projets d'hôtels

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L'Hôtellerie Restauration n° 3062 Hebdo 3 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE