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du 4 octobre 2007
HÔTELS

FACE À UNE NOUVELLE RÉGLEMENTATION EN DATE DU 3 AOÛT 2007

"LES CHAMBRES D'HÔTE CONSTITUENT UNE TENDANCE PROFONDE"

Le regard de Daniel Gillot, auteur du sujet interactif 'chambres d'hôte, gîtes et tables d'hôte' sur lhotellerie.fr expert sur ce marché des chambres d'hôtes, souvent considéré comme concurrentiel face à l'hôtellerie classique.
Propos recueillis par Nelly Rioux


Daniel Gillot dirige le cabinet Sirius Conseil : "Entre hôtels et gîtes/chambres d'hôtes il y a des différences. Si un concurrent prend des parts de marché, c'est une bonne occasion de se demander pourquoi et de réfléchir à sa propre adéquation 'produit/marché'."

L'Hôtellerie Restauration : Vous êtes l'auteur du sujet interactif 'chambres d'hôte, gîtes et tables d'hôte' sur lhotellerie.fr. Vous êtes connu en tant que spécialiste de l'hôtellerie. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous vous êtes intéressé à ce secteur souvent jugé concurrentiel ?
Daniel Gillot : Depuis une dizaine d'années, à la suite de ma carrière dans l'hôtellerie internationale et nationale, j'anime un cabinet d'études spécialisé en hôtellerie et tourisme. C'est dans ce cadre qu'un prospect qui venait d'acquérir une propriété pour y développer une activité d'hébergement s'interrogeait sur l'opportunité d'en faire un hôtel ou sa résidence personnelle avec des chambres d'hôte ; au nom de quoi aurais-je refusé d'étudier sa problématique ? Nous avons mis cette première réflexion sur le Forum Tech de kifaikoi.com : en quelques mois, j'ai eu à répondre à plus de 300 questions sur ce sujet ; depuis qu'il est devenu sujet interactif sur lhotellerie.fr, ce sont encore plus de 200 questions qui ont été posées en quinze mois !
Il est vrai que les chambres d'hôte, les gîtes sont, dans certains secteurs, à certaines périodes, en concurrence avec l'hôtellerie ; mais il faut relativiser les choses : selon les Gîtes de France, les durées moyennes de location sont de l'ordre de quatorze semaines par an pour les chambres d'hôte et de dix-sept pour les gîtes ! Les produits sont différents ; si un concurrent prend des parts de marché, c'est une bonne occasion de se demander pourquoi et de réfléchir à sa propre adéquation 'produit/marché'.

Quel regard portez-vous sur l'activité chambres d'hôte ? Pensez-vous que nous soyons face à un phénomène de mode ?
Je crois qu'il faut regarder les deux aspects : celui des clients et celui des exploitants. En ce qui concerne la clientèle, je ne crois pas que nous soyons en face d'un phénomène de mode, mais d'une tendance profonde qui rejoint une conception de retour à la nature, de séjours simples, plus courts, plus fréquents, sur le territoire national avec, souvent, la possibilité de partager une table d'hôte et/ou de faire un repas léger que l'on peut partager avec les enfants. On peut noter aussi que grâce aux guides et à internet, le marché est international, ce qui solidifie cette activité, amplifie son intérêt économique, anime aussi les échanges humains. Côté exploitants, c'est vrai que la création de chambres d'hôte peut correspondre à des motivations diverses : assurer un complément d'activité, développer de nouveaux contacts, préparer sa retraite, améliorer son patrimoine avec l'aide de subventions, rester 'dans le coup' ; tout ceci me paraît être aussi une tendance profonde, surtout chez les jeunes seniors.

Lorsque l'on consulte votre Forum, on se rend compte qu'il y a beaucoup de questions en provenance d'hôteliers. Pensez-vous qu'il y ait une tendance aujourd'hui à basculer d'une activité hôtelière vers une activité gîte ou chambre d'hôte ?
Oui, il y a beaucoup de questions d'hôteliers, mais peu sont éligibles à un changement, soit parce que leur établissement est trop grand, conçu pour être un hôtel et pas une résidence personnelle à vocation 'chambres d'hôte' ou bien est d'une structure architecturale ne permettant pas de le considérer comme un gîte, soit pour une question de bon sens, soit pour une question de réglementation.

Alors justement, où en sommes-nous de la réglementation ?
Complétant l'arrêté du 14 avril 2006 qui imposait une déclaration à la mairie avant l'ouverture de chambre(s) d'hôte, l'arrêté n° 2007-1173 du 3 août 2007, pour l'essentiel, limite leur exploitation "à un nombre maximal de cinq chambres pour une capacité maximale d'accueil de 15 personnes" ; il indique également que tous les exploitants actuels de chambres d'hôte doivent les déclarer à la mairie avant le 31 décembre 2007.

Que doivent faire les exploitants de chambres d'hôte proposant actuellement plus de cinq chambres ?
L'arrêté étant totalement muet sur ce point, ma préconisation a été, pour le moment, en attendant d'éventuelles précisions, de s'en tenir à la déclaration à faire à la mairie avant le 31 décembre 2007, sans prendre d'autres dispositions.

Donc en maintenant, pour le moment, une offre à 6 ou 7 chambres d'hôte, voire plus ?
Oui, je rappelle que la très grande majorité des exploitants offre actuellement un nombre de chambres largement inférieur à cinq et que les entrepreneurs qui, en l'absence de tout texte, ont créé, en investissant, quelques chambres de plus, ne doivent pas être brutalement pénalisés.

Cet arrêté concerne-t-il aussi les gîtes ?
Pas du tout.

Y a-t- il eu d'autres précisions réglementaires ?
Oui, dans une réponse aux parlementaires, le ministre délégué au Tourisme précise que les exploitants de chambres d'hôte qui "exercent cette activité de manière accessoire (…) sont dispensés de s'immatriculer à ce titre au RCS" (Journal officiel A. N. 06/02/07).

Pouvez-vous nous citer les principaux points que vous abordez à travers ce sujet interactif ? Quels sont selon vous les plus importants ?
Dans ce sujet, j'aborde les aspects liés à l'exploitation pratique des chambres d'hôte, gîtes et tables d'hôte, les questions administratives et comptables, le montage financier, les différentes structures juridiques, les aspects réglementaires bien entendu, les dispositions fiscales et les aspects commerciaux. Les points les plus importants, me semble-t-il, sont ceux pour lesquels mes interlocuteurs paraissent avoir le plus de difficultés, c'est-à-dire le montage financier, la structure juridique et la connaissance des points de réglementation, dont tous ceux qui sont liés à l'hygiène alimentaire pour les tables d'hôte.

Le problème posé par la classification ERP (Établissements recevant du public) revient régulièrement. Qu'en est-il exactement pour les gîtes et chambres d'hôte ?
C'est très simple, comme pour les hôtels, jusqu'à 5 chambres, la classification ERP ne s'applique pas ; à partir de 6 chambres, elle s'applique totalement, tant pour la réglementation incendie que pour l'accessibilité des personnes à mobilité réduite.

En résumé, que diriez-vous à quelqu'un qui voudrait se lancer dans une telle activité ?
• Savoir s'il y a un marché pour le produit envisagé, chambres d'hôte ou gîte,
• Effectuer un compte d'exploitation réaliste pour évaluer prudemment le retour sur investissements,
• Réaliser un produit de bonne qualité, mettre du sourire, des confitures 'maison' et les fleurs du jardin ! zzz36v

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L'Hôtellerie Restauration n° 3049 Hebdo 4 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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