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du 6 avril 2006
CONJONCTURE

Le marché hôtelier haut de gamme parisien

L'hôtellerie haut de gamme parisienne a confirmé en 2005 la reprise engagée en 2004. Le chiffre d'affaires hébergement des hôtels 4 étoiles de la capitale a progressé de 3,6 % par rapport à l'année précédente. Cette augmentation, en deçà des attentes de certains, semble néanmoins marquer une étape dans un cycle de croissance. Signe révélateur : l'ensemble des familles d'hôtels haut de gamme est concerné par cette reprise.

La timide reprise de l'activité que l'on enregistrait l'année passée a été plus vigoureuse en 2005. Comme en 2004, la croissance est en grande partie due à la fréquentation. Le taux d'occupation moyen des hôtels haut de gamme de Paris a progressé de 4,4 %. À l'exception des mois de janvier et de février, la hausse de la demande a été perceptible tout au long de l'année. Si l'on considère que l'occupation était déjà en progression l'année passée, la croissance enregistrée cette année apparaît d'autant plus positive. Elle traduit une réelle attractivité de la destination parisienne. Les taux d'occupation des hôtels haut de gamme parisiens restent inférieurs à ceux enregistrés en 2002 mais l'écart se réduit.

Maintien de la demande d'affaires et reprise du marché loisirs
La clientèle d'affaires constitue toujours l'un des principaux moteurs du dynamisme parisien. Le phénomène s'est accentué en 2005 : les hommes d'affaires, en particulier, se sont faits plus présents au printemps et à l'automne. D'une part, le calendrier des salons était plus chargé qu'en 2004. Ainsi, en juin, l'Air Show du Bourget a dopé l'activité des hôtels haut de gamme. Ce mois-là, le taux d'occupation a gagné 7,3 % par rapport à la même période de l'année passée. D'autre part, le dynamisme économique de certains de nos partenaires, États-Unis en tête, a contribué à amener davantage d'hommes d'affaires dans la capitale.
La hausse de la demande n'a toutefois pas été alimentée par la seule clientèle d'affaires. À la différence de l'an passé, la clientèle de loisirs marque également son grand retour, notamment en été. Les mois de juillet et d'août enregistrent une hausse significative du taux d'occupation. Si ce phénomène est en partie lié au débordement des activités d'affaires sur l'été, début juillet et fin août, il est surtout la conséquence d'un incontestable regain de dynamisme des clientèles d'agrément. L'amélioration des conditions économiques dans de nombreux pays a généré une demande accrue de séjours. Ceci est particulièrement
vrai pour les États-Unis ou le Japon. La conjoncture a d'autant plus favorisé le retour de la clientèle américaine que le dollar s'est renforcé face à l'euro. De 0,74 dollar pour 1 euro en début d'année, la monnaie américaine est passée au-dessus de la barre des 0,85 dollar pour 1 euro en fin d'année. Les destinations européennes, en général, et Paris, en particulier, sont ainsi redevenues attractives pour les touristes américains. Toutefois, la dégradation de la conjoncture économique de plusieurs de nos partenaires européens a tempéré la croissance des segments loisirs. Les économies allemande et italienne ont notamment traversé des turbulences qui se sont ressenties sur les déplacements de leurs ressortissants.


Vers une croissance des prix moyens ?
La reprise de la demande est manifeste. Néanmoins, les réflexes acquis par la clientèle au cours des dernières années n'ont pas disparu : les prix sont toujours âprement négociés. La situation est encore accentuée par la multiplication des canaux de distribution et par la fluidité de l'information. Désormais, qu'elle soit d'affaires ou de loisirs, la clientèle compare les prix et fait jouer la concurrence. Il en résulte une légère baisse de 0,7 % des prix moyens par rapport à 2004. Deux facteurs donnent malgré tout à penser que ce repli ne devrait pas se prolonger. Tout d'abord, le recul tend chaque année à se réduire puisqu'il était de - 6,3 % en 2003 et de - 1,5 % en 2004. Ensuite, l'accroissement de la demande, dû à la hausse des segments d'affaires et de loisirs, devrait renforcer la position des opérateurs sur le marché hôtelier haut de gamme. Cette situation est déjà perceptible dans la hausse des prix moyens enregistrée sur les mois d'avril à juin.

Un marché toujours fragile ?
L'hôtellerie haut de gamme semble s'acheminer vers une sortie de crise et entamer une nouvelle phase de croissance de son activité. Les RevPar ont sensiblement progressé, passant de 145 E en 2004 à 151 E en 2005. Ils restent nettement inférieurs à ce qu'ils étaient en 2002 et les années antérieures. Néanmoins, les chiffres d'affaires sont désormais orientés à la hausse. L'arrivée ou le renforcement d'opérateurs, comme les groupes Lucien Barrière ou Starwood sur le marché parisien, contribuera sans nul doute à l'attractivité de la destination Paris. D'autant plus que la croissance économique devrait être plus forte en 2006 qu'en 2005 pour la France et pour ses principaux partenaires économiques, si l'on en croit les prévisions de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ces perspectives favorables ne doivent pas pour autant laisser place à un optimisme démesuré. De nombreuses incertitudes susceptibles de faire replonger le marché dans la crise subsistent. À l'étranger, la couverture des événements en banlieue de la fin 2005 a donné lieu à des approximations qui pourraient nuire à l'image de la capitale française. Maîtrisant mal les subtilités de la géographie francilienne, certains médias américains n'ont pas hésité à parler de troubles "à Paris". Les effets ne se sont bien évidemment pas fait sentir sur l'activité de 2005 mais pourraient peser sur 2006 faute d'une communication appropriée. La perte de la 1re place de Paris comme première destination de congrès au monde est plus préoccupante. Si, en soi, aucune 1re place n'est éternelle, ce déclassement est révélateur de la concurrence exacerbée qui règne dans ce secteur. Les grandes places traditionnelles ont vu leur position s'effriter ces dernières années au profit de destinations émergentes, parfois plus dynamiques sur l'événementiel. Cet appel à la prudence ne serait pas complet sans l'évocation des multiples facteurs pouvant, à terme, avoir un impact sur l'activité du marché : interpénétration des économies, hausse des coûts de transport, risque terroriste, problème sanitaire, etc. En dépit de ces menaces, l'année 2006 se place sous de bons auspices.


La fréquentation des hôtels de charme parisiens a grimpé de 4 % en 2005.


Les 4 étoiles supérieur ont vu leur RevPar 2005 bondir de 4,5%. On reste cependant très en retard sur 2002.

Les tendances par famille
Comme de tradition, les hôtels 4 étoiles supérieur de la capitale ont été les plus sensibles à l'évolution de la conjoncture. La fréquentation de ces établissements avait fortement progressé l'année dernière et s'est poursuivie en 2005. La croissance du taux d'occupation a toutefois été moins rapide que l'année passée avec 2,8 % en 2005 contre 6,2 % en 2004. À la différence de l'année passée, le prix moyen (RMC) a lui aussi augmenté. Avec une hausse de 1,6 %, la RMC des hôtels 4 étoiles supérieur de Paris est désormais de 397 E. Au final, cette catégorie d'hôtels affiche la plus forte progression de RevPar de l'hôtellerie haut de gamme parisienne : les + 4,5 % enregistrés cette année permettent à ces établissements d'atteindre un RevPar de 262 E.
Toutefois, ces hôtels étant ceux qui ont le plus durement ressenti les effets de la crise récente, l'écart avec les performances de 2002 reste important (- 14,8 %). Leur prix élevé et un mix clientèle très cosmopolite les soumettent plus que les autres aux aléas de la conjoncture internationale.
La croissance de la clientèle d'affaires individuelle et le retour progressif de la clientèle de loisirs ont contribué à une nette amélioration des performances des hôtels de charme. D'une capacité limitée, ces établissements éprouvent des difficultés à se positionner sur la clientèle de groupes. Dès lors, leur activité est fortement liée aux variations de la clientèle individuelle, qu'elle soit d'affaires ou de loisirs. En l'espèce, ces segments ayant progressé, le taux d'occupation des hôtels de charme a augmenté de 4 % par rapport à 2004.
Cette croissance est d'autant plus appréciable qu'elle ne s'est pas faite au détriment du prix moyen. Celui-ci n'augmente pas, mais reste
malgré tout stable par rapport à 2004. Au final, le RevPar de la famille est en hausse de 3,9 %.
Si l'occupation des hôtels de charme est en passe de revenir à ce qu'il était en 2002, les prix moyens, en revanche, sont encore inférieurs de 9,7 % à ce qu'ils étaient à l'époque. Pour revenir à leur niveau antérieur, les établissements de charme devront opter pour une stratégie commerciale favorisant la croissance du prix moyen, mais aussi - malheureusement - parier sur un maintien ou une amélioration de la conjoncture internationale. Ainsi, une hausse du cours de l'euro face au dollar pourrait rapidement avoir raison de la reprise de la demande. Plus que nulle autre famille, les hôtels de charme ne disposent que d'une marge de manoeuvre étroite, du fait de leur capacité limitée.
Les hôtels 4 étoiles standard, avec une hausse de 4,9 %, affichent la plus forte croissance de l'occupation en 2005. Qui plus est, à l'exception de février, ce regain de fréquentation a été continu tout au long de l'année. Cette hausse, ajoutée à celle enregistrée en 2004 (2,1 %), leur permet de revenir au niveau de TO qui était le leur en 2002. br> Toutefois, l'accroissement de la demande n'a pas permis de faire progresser les prix moyens de la plupart des hôtels. La RMC moyenne de la famille est en retrait de 1,7 % par rapport à 2004. Alors que les autres familles maintiennent, plus ou moins, leurs indicateurs tendent à le faire progresser, les hôtels 4 étoiles standard éprouvent
toujours des difficultés sur ce point. Le nombre important d'hôtels présents dans cette catégorie, associé à une différenciation produit limitée par rapport aux familles 4 étoiles supérieur et hôtels de charme, tend à favoriser la différenciation prix. Au final, une concurrence acharnée est exercée sur les tarifs qui, pour l'heure, limitent la hausse du RevPar. Dans la perspective d'une poursuite de la croissance de la demande, les hôtels 4 étoiles standard devraient rapidement atteindre un niveau de remplissage suffisant pour optimiser leur prix moyen. n zzz20h

2005 : année de reprise pour les restaurants d'hôtels 4 étoiles parisiens

En 2005, le chiffre d'affaires des restaurants d'hôtels parisiens haut de gamme a augmenté de 9 % en moyenne par rapport à 2004, grâce à une amélioration très nette de certains ratios.


La recette par place assise s'est améliorée de 1,9 % en 2005 passant de 25,6 à 26 E.

Le ticket moyen couvert a atteint 48,3 E en 2005, soit une progression sensible de 6,9 % par rapport à 2004. Ce ticket moyen couvert correspond aux recettes - nourriture et boissons - des restaurants d'hôtels, hors petit-déjeuner, banqueting et room-service.
L'indice de rotation, indicateur de fréquentation représentatif de l'activité de restauration, s'est légèrement tassé sur la période. Il s'établissait à 0,54 couvert par place assise au lieu de 0,55 en 2004. Pourtant, la fréquentation en volume dans les restaurants d'hôtels haut de gamme de la capitale a progressé cette année de 5,4 % en moyenne, conséquence logique de l'amélioration des performances des taux d'occupation enregistrés dans ces mêmes hôtels. Cette hausse s'est essentiellement fait ressentir sur la période d'avril à août, grâce à un retour des clientèles touristiques et une météo favorable aux repas en terrasse.
La recette par place assise, ratio que le cabinet
BDO MG Hôtels & Tourisme a créé spécialement à l'occasion de cet observatoire, s'est donc améliorée au cours de l'année 2005, variant de 25,6 à 26 E en 2005, représentant une hausse de 1,9 % (lire graphique n° 3).
Ainsi, le chiffre d'affaires des restaurants d'hôtels 4 étoiles de la capitale a connu des progressions à deux chiffres sur la plupart des mois de l'année, novembre battant tous les records avec une hausse de 25 %. zzz20h

MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
L'étude porte sur un échantillon d'hôtels 4 étoiles de Paris intra-muros. Sur la base d'une collecte mensuelle du nombre de couverts, du chiffre d'affaires restaurant hors petit-déjeuner et room-service, des ratios-clés sont calculés.
Ticket moyen couvert Recette moyenne nourriture et boisson hors taxes par couvert servi.
Indice de rotation Taux d'utilisation des places assises du restaurant par service.
Recette par place assise Recette moyenne nourriture et boissons hors taxes par place disponible du restaurant.
Nombre de couverts jour Nombre de couverts servis par jour d'ouverture dans le mois.
Chiffre d'affaires jour Recette moyenne nourriture et boissons hors taxes par jours d'ouverture dans le mois.

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L'Hôtellerie Restauration n° 2971 Magazine 6 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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