Un appel aux seniors pour susciter des vocations

L'orientation devient un enjeu majeur pour guider les jeunes vers les métiers de la restauration. Les professionnels en activité font de leur mieux. Ceux en retraite ont leur rôle à jouer. C'est l'une des préconisations principales du livre blanc de la Mission Marcon. Le chef triplement étoilé de Saint-Bonnet-Le-Froid, Régis Marcon, s'explique.

Publié le 15 janvier 2013 à 15:00
L'Hôtellerie Restauration : Actuellement, quels sont les outils dont les jeunes disposent pour être orientés vers les métiers de l'hôtellerie-restauration ?
Régis Marcon : Pour les jeunes encore scolarisés, les outils de découverte des métiers existent. Des périodes découverte Pro (DP3 DP6) sont prévues pour permettre aux jeunes de découvrir le métier dans les classes de 4ème et 3ème, mais ces périodes sont peu utilisées pour notre profession. Par contre, les stages Découverte en 3ème sont des dispositifs qui se montrent très efficaces pour découvrir le domaine de la restauration, pas assez utilisés dans les métiers du service de salle. Les médias et toutes les émissions très en vogue contribuent eux aussi largement à promouvoir les métiers de la cuisine mais pas assez le service de salle.

L'orientation vers les métiers de l'hôtellerie-restauration est-elle assez efficace ?
Pour l'instant, malgré les progrès du secteur et les efforts réalisés pour communiquer, l'image de nos métiers demeure parfois négative. Pas forcément dans le regard des jeunes mais dans celui des prescripteurs. Aussi, nous nous retrouvons noyés par les autres secteurs à meilleure image car on ne peut pas demander aux orienteurs de connaître chacun de ces métiers.
En revanche, il est important de dire que nous sommes dans un secteur qui emploie. Mais cela ne suffit pas pour convaincre aujourd'hui. Il nous faut donner envie aux prescripteurs de mieux nous connaître pour, qu'à leur tour, ils donnent envie aux jeunes de nous découvrir, de visualiser nos métiers. Et dans ces parcours, tant pour les prescripteurs que les jeunes, c'est là que les professionnels ont tout leur rôle à jouer, et notamment les Ambassadeurs des métiers. Dites-moi, qui est mieux placé qu'un professionnel pour parler et faire découvrir les métiers ?

Les professionnels ne s'investissent pas assez pour l'orientation ?
Les professionnels s'investissent et sont près à le faire encore plus. Mais encore faut-il qu'ils soient sollicités. Certes les contraintes d'organisation, un service le midi et le soir laisse peu de temps aux professionnels d'aller à la rencontre des jeunes dans les écoles pour promouvoir notre métier. Mais on trouve toujours un moment pour échanger, rencontrer des jeunes. C'est un engagement des Ambassadeurs des métiers. Je crois aussi que nous devrions nous appuyer plus sur nos retraités de la profession, nos seniors, pour soutenir ces efforts pour l'orientation.

Vous lancez en quelque sorte un appel aux seniors, pourquoi ?
Pour plusieurs raisons : les anciens sont plus disponibles que les professionnels en activité, ils ont de l'expérience, des choses à raconter, des anecdotes de vie pour donner envie aux jeunes. Bien souvent, ils éprouvent le besoin après une vie professionnelle bien remplie, d'avoir encore un rôle à jouer. Comme les sportifs, on a souvent du mal à raccrocher les crampons, alors pourquoi ne pas nous raconter, devenir des entraîneurs. J'en connais, à Lyon notamment, qui se font un plaisir d'aider les jeunes à se trouver. Il faut les voir en action. C'est tout simplement merveilleux. Si nous voulons être plus efficaces en matière d'orientation, il est nécessaire de faire appel à eux.

Qu'en est-il de l'orientation des décrocheurs ?
Ils sont 150 000 à 180 000 chaque année. Parmi eux, ceux qui sont en échec scolaire ou ceux qui abandonnent dans les périodes pré ou post Bac. Ils sont beaucoup trop nombreux.
Nos métiers peuvent être une chance pour ces jeunes, mais beaucoup d'entre eux entrent dans nos métiers sans formation préalable.
C'est une réelle opportunité pour notre profession d'accueillir ces décrocheurs, parce qu'ils sont à un âge mur. Leur parcours leur a permis d'avoir un niveau de culture et de connaissances générales qui leur permet d'aller plus vite dans l'acquisition des savoirs techniques (quelquefois en rapport avec nos métiers, l'anglais, la biologie par exemple). Pour l'instant, les offres de formation proposées à ces jeunes sont standards, trop souvent générales et peu individualisées donc adaptées à leur situation. Il est primordial de leur donner plus de visibilité car leur parcours part d'une situation d'échec. Il faut renforcer les liens entre les structures qui auront à les accompagner : mission locale, pôle emploi, centre de formation et l'entreprise. Souvent, on propose une formation trop longue à ces jeunes. Le CQP (contrat de qualification professionnelle) est une alternative très adaptée à ces publics. On doit travailler plus sur une logique d'emploi, d'insertion, plutôt qu'une logique de diplôme pour ce public qui ne désire plus fréquenter les bancs d'école.

L'orientation suffit-elle à fidéliser ces jeunes, vos futurs collaborateurs ?
L'orientation est une première étape, « donner envie ». La période post orientation est tout aussi importante. Le jeune a choisi. Il est nécessaire qu'il soit conforté dans son choix. A partir de ce moment-là, les centres de formation et les professionnels en entreprise sont impliqués. La qualité de la prestation d'accueil et d'accompagnement de ces jeunes, en concertation et complémentarité, facilite la bonne intégration du jeune et la rend durable. Mais cela s'apprend autant dans les centres de formation que chez les professionnel.
Le secteur prend aujourd'hui ses responsabilités en négociant un permis de former obligatoire pour les professionnels qui devrait être mis en place au terme de 2013. Cette formation suivie par les tuteurs et les maîtres d'apprentissage permettra au jeune apprenant de réaliser ses périodes de formation en alternance dans des entreprises préparées à cet accueil et au suivi des formations. Pour les établissements de formation, nous sommes en train de réfléchir avec les services de l'Education Nationale pour rendre obligatoire les stages d'immersion en entreprise aussi pour les enseignants.
Le secteur des entreprises indépendantes de la restauration est continuellement en recherche de collaborateurs. Il est nécessaire que tous les acteurs de l'information, de l'orientation, de la formation et de l'entreprise se connaissent mieux pour contribuer ensemble à l'amélioration de la formation et de l'insertion de nos jeunes. Cela ne tient qu'à nous car les jeunes ont besoin de notre engagement.
 

Publié par Propos recueillis par Nadine Lemoine



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