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Dans un Logis de France à Montreuil-sur-Mer (62)

Des investissements permanents

Pour la énième extension de son établissement Les Hauts de Montreuil, Jacques Gantiez vient d'ouvrir le West Indies Bar Club, une atmosphère cubaine dans ce Logis très international de la vieille ville de Montreuil. Cet admirateur d'Hemingway ne cesse d'investir et emploie à présent une trentaine de personnes.

m Alain Simoneau

En faisant visiter son chantier quelques semaines avant l'ouverture, Jacques Gantiez était intarissable sur son nouvel enfant. Derrière ces façades de la rue Ledent à Montreuil-sur-Mer, l'une médiévale, l'autre plus récente d'un hôtel-restaurant de petite sous-préfecture aux confins d'Artois et de Picardie, on trouve désormais un concept carrément métropolitain. Le West Indies Bar Club, c'est un bar à thème cubain de 80 places, un salon à cigares-salle de lecture et une cantina dans la profondeur du bâti, dessiné par l'architecte Antoine Lauzy. "On y boit les rhums du monde, les cocktails à base de rhum, des jus de fruits et légumes. On y mange du pain et des tapas cuits sur place sur la sole de notre boulangerie, on y goûte la gastronomie des îles. Des patties jamaïcains, des pastelitas de République Dominicaine, des tortillas, bocaditas, casabas de Cuba, c'est-à-dire autant de variété de galettes garnies de spécialités, ainsi que des soupes, et quelques plats chauds de là-bas." Et comme Gantiez, fondu des Antilles, de Cuba et d'Hemingway en particulier, aime aussi la bière de son pays du Nord, on y déguste une ligne de bières brassées près de Saint-Amand-les-Eaux (59) par Olivier Forest. Hugo a situé ses Misérables à Montreuil. Gantiez s'offre Hugo pour parrainer ses bières : le Brassin Jean Valjean (une 7° double refermentée en fût), le Brassin Cosette (une blanche à 5° également à double fermentation) et le Brassin Sucellus, une bière de Noël. Comme on le voit, Jacques Gantiez se passionne pour les romans au long cours, l'héroïsme et les idées généreuses, et fait passer ce goût dans toute son entreprise commerciale. Lui-même a quelque chose d'Hemingway, de Gabin ou de Valjean. La cinquantaine ronde et trapue, la barbe fleurie et le cheveu soixante-huitard, l'énergie débordante, le verbe abondant, même s'il n'est sûrement pas commode à ses heures, Jacques Gantiez a l'esprit d'entreprise et le goût du risque. "Ce bar, je voudrais aussi en faire un forum de convivialité où l'on s'écoute dans l'esprit du respect et de l'amour des autres", explique-t-il. Ce projet a nécessité un investissement de 3 millions de francs, auxquels s'ajoutent 2 millions de francs pour une salle polyvalente et un parking à l'arrière de l'hôtel, sans oublier la formation du personnel.
Mais que viennent faire les grandes Antilles dans un hôtel-restaurant de province à l'enseigne des Logis de France ? "Ce bar est né pour répondre à l'attente de notre clientèle, qui est à 70 % étrangère et originaire de grandes villes d'Europe du Nord, d'Angleterre en particulier", répond Jacques Gantiez.

D'un pari à l'autre
Après avoir vogué sur quatre affaires à Lille, Jacques Gantiez, lillois d'origine et restaurateur depuis 1976 (son épouse Patricia l'a rejoint dans le métier en 1988), met le cap sur le Montreuillois, et reprend en 1991 le Petit Ecu, une taverne datée de 1537. Façade à colombages, caves voûtées extraordinaires, "où nous affinons nos fromages nous-mêmes, quelquefois à la bière ou au genièvre de Houlle", c'est le cœur historique de la maison. Cela dit, les premières années sont de pain noir et dur. Le guide Michelin en ignore alors et toujours l'adresse. Le passage ne suffit pas. Se voyant mettre la clé sous la porte, les Gantiez ouvrent 7j/7 et font de l'autocar à haute dose avec environ douze tour-opérateurs. Animation, action commerciale redoublée, publicité à tout va... Ils ne sortent vraiment la tête de l'eau qu'en 1994 en développant l'hébergement. Depuis, l'affaire gagne de l'argent, mais tout est réinvesti. En trois étapes, et en utilisant les possibilités du site avec un quatrième étage, du neuf avec du vieux, l'hôtel passe à 27 chambres. Depuis septembre dernier, sept chambres supplémentaires dont une suite royale, deux beaux duplex et quatre chambres standards portent le total à 34 chambres, avec une montée en gamme évidente. Les chambres s'étagent de 495 à 550 francs, les duplex sont affichés à 750 francs, la suite à 1 000 francs. Parti en 2 étoiles, Les Hauts de Montreuil passe à 3 étoiles en 1995. Voici deux ans, ils entrent aux Logis de France, classés 3 cheminées. L'action commerciale internationale reste intensive, mais la couleur régionale est intégrée au concept. Le restaurant Les Hauts de Montreuil est inscrit aux Tables régionales Nord-Pas-de-Calais et fait donc dans ses menus la part belle aux produits régionaux.

L'investissement commercial
Faute de Guide Rouge, les Gantiez poursuivent l'investissement dans le commercial. Les voyagistes restent une priorité dans le mix-marketing. "Nous laissons 18 % de commission à Crest Holidays. C'est beaucoup ? Oui, mais les golfeurs sont une superbe clientèle à table. Ils font de la publicité pour nous, ils parcourent les salons, écument les revues, cela vaut de 12 à 20 % de rémunération selon les cas. Après, c'est à chacun de séduire ses clients", répond le patron. Et il faut rester ouvert toute la semaine et donc investir dans le personnel nécessaire. L'hôtel-restaurant dispose de salons, et est membre du club tourisme d'affaires Côte d'Opale. Dans la région, Jacques Gantiez s'investit dans une association nommée Saveurs terroir et Hostellerie du pays de Montreuil, qui organise un salon annuel. n


Jacques Gantiez devant la façade historique des Hauts de Montreuil, ci-devant le Petit Ecu.


La mezzanine du restaurant est classique, très Logis...

 

Les dates, les investissements majeurs

w Le corps du bâtiment historique est daté de 1537. Les Hauts de Montreuil existe sous ce nom depuis l'ouverture par les Gantiez, le 27 avril 1991, ouverture qui a été l'occasion d'un aménagement avec salle de restaurant au rez-de-chaussée et mezzanine.
w Première extension fin 1992, construction de 4 chambres.
w 1993, 8 chambres de plus.
w 1994, 15 chambres de plus. Premier exercice bénéficiaire.
w 1995, passage de 2 à 3 étoiles.
w 1998, entrée aux Logis de France, 3 cheminées.

w 1999-2000, construction de 7 chambres dont 4 standards, 2 duplex et 1 suite, portant le total à 34 chambres de 495 à 1 000 F.
w Non compris l'investis-sement de départ et les pertes épongées (1,5 MF cumulé jusqu'en 1994), les extensions ont coûté quelque 17 MF.

 

Les chiffres

L'affaire emploie 29 personnes, patrons y compris, convenablement payées, affirme Jacques Gantiez avec un PEP (Plan d'épargne entreprise) depuis 1998.
Les salariés peuvent verser de 300 à 1 200 F par mois, et l'entreprise abonde de 50 à 72 % cet effort important.
Le restaurant emploie 13 personnes : la réception 3, les chambres 6, le bar 1 salarié avant la création du West Indies, l'entretien et autres services 4 salariés.
S'y ajoutent l'équivalent d'un extra sur six mois. Le CA de l'hôtel progresse de 8,6 % en 1999 à 6,6 MF ; la restauration a atteint 3,56 MF en hausse de 4,82 % avec 16 678 couverts servis, soit 213 F le ticket moyen. Le dernier mois de juillet, très pluvieux, a eu son bon côté avec un ticket moyen de restauration record à 320 F.
Les taux d'occupation ont évolué, passant de 61,8 % en 1995 à 67,2 % en 1996, et de 81,2 % à 84,3 %, et 79,55 % de 1997 à 1999. Les murs sont la propriété d'une SCI contrôlée par les patrons. La société d'exploitation a gagné environ 800 000 F en 1999, sur un CA d'un peu plus de 10 MF. La clientèle est à 70 % étrangère, avant tout britannique, mais aussi belge, néerlandaise comme à l'accoutumée dans la région.


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L'HÔTELLERIE n° 2703 Magazine 1er Février 2001


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