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Editorial
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Déficit d'image

C'est une constante : les professionnels s'engagent, prennent des risques, investissent, commercialisent, recrutent, font tourner les entreprises, et, à l'heure des comptes : les politiques se félicitent des résultats ! Bilan de la saison oblige, cette année n'aura pas dérogé à la règle et c'est la ministre du Tourisme qui a dit sa satisfaction des premiers résultats de cette saison 2001. En période électorale, les enjeux politiques guident discours et interventions des leaders de toutes sortes ; aussi, c'est dès le 20 août que le ministère se risquait à faire un bilan qui ne pouvait être que satisfaisant ! N'est-il pas indispensable d'annoncer de bonnes performances si l'on veut en récupérer les fruits ? Une satisfaction marquée toutefois d'un bémol puisque la ministre du Tourisme n'a pas manqué de mettre en avant la pénurie de main-d'œuvre du secteur de l'hôtellerie-restauration. Une réalité qu'elle attribue aux mauvaises conditions de travail des salariés saisonniers, et de dénoncer cette situation très officiellement et d'en faire le reproche aux professionnels quant aux résultats obtenus. "Si la fréquentation n'a pas souffert de cette situation, les recettes, en revanche, auraient pu être meilleures", n'a pas manqué de souligner la ministre du Tourisme. En un mot comme en cent : hôteliers-restaurateurs, vous pouviez mieux faire et apporter davantage aux caisses de l'Etat et vous ne l'avez pas fait parce que vous offrez de mauvaises conditions de travail dans vos entreprises. Chacun appréciera...
Si l'analyse est pour le moins brutale et injuste dans la mesure où elle généralise d'une manière abusive des situations particulières, elle est révélatrice de la mauvaise image qu'ont aujourd'hui les métiers de l'hôtellerie-restauration. S'il est vrai que certains chefs d'entreprise offrent des conditions de vie à la limite du tolérable à leurs salariés saisonniers, d'autres ont depuis longtemps intégré cet élément dans leur politique de ressources humaines, mais ne le font pas assez savoir. Cette profession paye aujourd'hui cher son absence de communication auprès du grand public.
De toute évidence, les entreprises saisonnières sont aujourd'hui les plus fragiles, les plus menacées. Devant supporter des charges quasiment équivalentes à celles des entreprises permanentes, elles doivent en plus assurer le logement de leurs salariés, étant installées la plupart du temps dans des régions où le bassin d'emplois est insuffisant pour satisfaire leurs besoins. Des conditions de logement qui correspondent là encore à un alourdissement des charges. "La qualité de l'offre dépend aussi de la qualité de l'emploi", a précisé la ministre du Tourisme qui entend améliorer les conditions de vie et de logement des saisonniers. Une analyse tout à fait juste mais qui se doit d'intégrer la pérennité des entreprises saisonnières. Refuser d'accompagner au plus vite la construction de logements avant d'imposer de nouvelles normes d'accueil, c'est prendre le risque de voir la plupart de ces emplois saisonniers disparaître à la suite de la fermeture des établissements. Parce que nous sommes dans un système libéral, les entreprises ne peuvent vivre, et offrir des emplois, que dans la mesure où leurs charges n'excèdent pas leurs recettes...
PAF zzz80

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L'Hôtellerie n° 2733 Hebdo 30 Août 2001

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