L'Ahtop passe à la vitesse supérieure dans son combat "contre les dérives du collaboratif"

L'Association pour un hébergement et un tourisme professionnels a notamment déposé une plainte contre X en novembre dernier pour dénoncer les pratiques de ces nouveaux acteurs économiques, en infraction avec la réglementation en vigueur.

Publié le 27 juin 2016 à 14:15

L'hôtellerie parisienne a plongé de 20 % en juin. Ce chiffre, recueilli par l'Association pour un hébergement et un tourisme professionnels (Ahtop) auprès de ses membres, est d'autant plus inquiétant que l'Euro 2016 bat son plein. "Nous subissons un détournement de clientèle", dénonce Serge Cachan, vice-président de l'Ahtop. Dans le collimateur, les plateformes de locations de meublées dont l'offre s'est "professionnalisée".

L'Ahtop, qui réunit aussi bien des hôteliers, des agents immobiliers que des syndicats comme le GNI/Synhorcat, a décidé de monter d'un cran dans le combat qu'elle mène "contre les dérives du collaboratif" en déposant une plainte contre X au Parquet de Paris. "Cette plainte, qui a été déposée en novembre dernier, met en exergue le fait que l'activité de ces nouveaux acteurs économiques est à plusieurs titres en infraction avec la réglementation applicable" indiquent les avocats du cabinet Gide, précisant qu'"immédiatement après le dépôt de cette plainte le parquet a saisi le Service national des enquêtes (Bercy)." L'association s'est engagée auprès du parquet à ne pas en dire davantage si ce n'est que "l'enquête est en cours et que des investigations sont également diligentées sous l'autorité du parquet de Paris."

Pour Jean-Bernard Falco, président de l'Ahtop, "il ne s'agit pas d'interdire les plateformes et ces locations. Il existe une demande de la part des consommateurs. Ce n'est pas l'économie numérique qui pose problème, mais son développement anarchique. Qui loue quoi et comment ? Ces nouveaux acteurs doivent se développer dans le respect de nos lois. Ce que nous n'acceptons pas, c'est l'absence d'équité et de transparence." Dans le cadre du projet de loi Pour une république numérique, le Sénat a adopté trois amendements qui passeront le 28 juin en commission mixte paritaire. Le premier porte sur l'enregistrement numérique des loueurs de meublés de tourisme auprès des mairies, qui recevraient alors un numéro devant figurer sur toute annonce. Le dispositif concerne les villes de plus de 200 000 habitants. L'Ahtop voudrait qu'il soit étendu aux stations classées et aux communes touristiques. Le deuxième amendement obligerait les plateformes à bloquer les annonces lorsque la location atteint son quota de 120 jours loués. Et le troisième à ce qu'elles transmettent automatiquement les revenus perçus à l'administration fiscale.

L'Ahtop a demandé à l'Institut Harris Interactive d'interroger les Français sur ces trois mesures. "Le but était d'évaluer leur ressenti", explique Jean-Bernard Falco. Les réponses sont sans appel. Ils y sont favorables ou très favorables entre 77 et 66 %. La chaîne Best Western France vient d'adhérer à l'association. "Le phénomène rencontré à Paris va s'étendre en région, estime son président Quentin Vandevyver. Aux baisses de taux d'occupation, l'hôtellerie est confrontée à une baisse des prix. Elle est liée mécaniquement et systématiquement au développement de locations qui n'ont plus rien de collaboratif."


Publié par Sylvie SOUBES



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