Emploi : comment recrute-t-on en 2016 ?

Paris (75) Entre réseaux sociaux, arrivée d'une nouvelle génération sur le marché du travail et crise économique, on n'embauche plus comme autrefois. Dix recruteurs du secteur de l'hôtellerie et de la restauration expliquent de quelle façon ils dénichent les bons profils et autres perles rares. Premier volet de notre enquête.

Publié le 07 octobre 2016 à 13:00

Candidatures : par mail ou par courrier ? 

En 2016, la candidature qui arrive au recruteur sous enveloppe cachetée s fait rare. La majorité des CV sont désormais envoyés par e-mail. Et ce d'autant que les offres d'emploi se trouvent sur internet, que ce soit sous forme de petites annonces dans la presse spécialisée, sur les sites de recrutement mis en place par les grands groupes hôteliers, auxquels s'ajoutent désormais les réseaux sociaux. 

"Certains établissements recrutent via Facebook", constate Claudia Raulhac, DRH du Plaza Athénée, à Paris (VIIIe). A propos de Linkedin, elle reconnaît "une démarche de proximité" liée à ce réseau, qui fait bouger les lignes, évoluer les comportements : "Lorsque l'on échange des e-mails via LinkedIn, on s'appelle par son prénom, on entre directement dans le vif du sujet avec un candidat potentiel. Si on utilise les réseaux sociaux, il faut adopter les codes qui vont avec", souligne-t-elle.  

Quelques résistants, toutefois, s'affranchissent du tout internet. "J'ai encore du mal avec l'ordinateur", avoue Jérôme Faure. Le chef étoilé du Domaine de Fontenille, à Lauris (Vaucluse), préfère le courrier, les lettres manuscrites. "Elles ne représentent qu'une minorité des candidatures que je reçois." 

Quant au bouche à oreille, "entre copains, entre chefs", il fonctionne encore bien. Surtout dans une ville comme Paris. "Je n'ai jamais passé une annonce pour embaucher, explique David Rathgeber, chef et gérant de L'Assiette, à Paris (XIVe). Le système que j'ai mis en place ne s'y prête pas : lorsque je recrute, je propose au candidat de faire une journée d'essai, pour voir s'il se sent bien avec nous. Ensuite, je demande à mes employés de rester au moins deux ans avec moi et de me donner trois à quatre mois de préavis avant leur départ, afin d'avoir le temps de trouver et tester à nouveau leur futur remplaçant."

 

Lettre de motivation : un atout en plus ou pas ?

À l'unanimité, si une lettre de motivation relève du copié-collé d'un modèle trouvé sur internet, les recruteurs ne seront pas motivés à l'idée de rencontrer le postulant. "En revanche, si cette lettre révèle une personnalité, une envie, une démarche, cela va faire la différence avec un autre candidat", explique Rémy Boulanger, directeur du Quality Hotel & Suites Nantes Beaujoire (Loire-Alantique).

Un avis partagé par Damien Raphanel, directeur de l'Ibis Styles Paris CDG Airport (95), pour lequel plus la tournure de la lettre de motivation sort du lot, plus il y prête attention : "Nous préférons une tournure qui fait preuve d'originalité, d'une certaine personnalité. Et ce d'autant que, dès son ouverture, le parti pris de notre hôtel, pour nous démarquer de la concurrence, a été d'opter pour un esprit de service et de miser sur l'expérience que le client va vivre chez nous. Nous avons donc recruté sur le critère du savoir être. Une fois les CV récoltés, nous avons envoyé aux candidats un lien internet d'une dizaine de questions pas toujours liées au secteur de l'hôtellerie, pour voir leur réaction, évaluer leur aisance, leur expression non verbale… Résultat : nous avons mené des entretiens avec des candidats issus de tous les horizons professionnels."

Quant à Nicolas Decker, propriétaire et directeur de La Cheneaudière, Relais & Châteaux à Colroy-la-Roche (Bas-Rhin), la lettre de motivation et le CV lui permettent, avant tout, de voir s'il n'y a pas de trou dans le parcours du candidat : "Je regarde s'il reste longtemps dans une maison, ou pas, car c'est toujours un peu bizarre si une personne a tendance à beaucoup bouger. Je prends aussi le temps de vérifier toutes les infos d'un CV. Je passe des coups de fil au moins aux deux ou trois derniers employeurs."

 

Orthographe : critère de présélection ou pas ?

Les fautes d'orthographe, dans un CV ou une lettre de motivation, sont la plupart du temps rédhibitoires. "Je suis très attaché à la syntaxe et à l'orthographe soignée. C'est le b.a.-ba de la politesse et de la bienséance", commente le chef étoilé Jérôme Faure.

"Si les lettres manuscrites sont rares, ce n'est pas le cas des fautes ! On les encadre !", renchérit Frédéric Hubig, gérant de cinq restaurants à Paris, dont la maison Astier (XIe). "Je m'inquiète davantage quand un futur chef de réception fait des fautes, que lorsqu'il s'agit d'un commis de cuisine", nuance Nicolas Decker. Même position pour la DRH du Plaza Athénée : "La tolérance face à l'orthographe est variable selon le poste à pourvoir", confie Claudia Raulhac.

Pour Damien Raphanel, un courrier truffé de fautes ne passe pas le stade de la présélection d'une candidature. "S'il n'y avait que les fautes d'orthographe…", conclut Cyril Carcenac.Le directeur de salle du Moulin de la Galette, à Paris (18e), déplore l'absentéisme au moment des entretiens d'embauche : "Pour 400 CV reçus pour un poste de chef de rang, il en est ressorti une dizaine, j'ai fixé trois rendez-vous, un seul candidat est venu. Les deux autres ne m'ont pas jamais prévenu qu'ils ne passeraient pas."

 
La semaine prochaine, notre enquête abordera l'utilité de la photo sur les CV, la pertinence des candidatures spontanées et la question des profils atypiques dans le secteur des CHR.


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Publié par Anne EVEILLARD



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