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du 11 septembre 2008
HÔTELS

À 31 ans, le Lorientais devenait le plus jeune directeur d'hôtel du groupe Victoria. Cette chaîne hôtelière française implantée en Asie du Sud-Est reste injustement méconnue dans l'Hexagone.
François Pont

Ronan Bianchi ou le succès d'un Breton au Viêtnam


Ronan Bianchi en moto dans les montagnes viêtnamiennes.

Las de pêcher la palourde en Bretagne, Ronan Bianchi part apprendre le métier de barman à Londres, puis à Chamonix, à Cannes et enfin au Château d'Esclimont en région parisienne. Compétences et économies acquises, il s'envole pour le Viêtnam où il décide de s'établir : "J'ai grandi dans les souvenirs de l'Indochine car mon grand-père a été douanier dix ans à Saigon", explique avec nostalgie le Lorientais. Il s'installe à Hanoi et travaille chez Frédéric Nguyen. Ce Viêt Kiêu (Vietnamien émigré à l'étranger puis revenu au pays, NDLR) exploitait l'un des lieux les plus tendance de la capitale, le Phuc Than Bar, situé au bord du fleuve Rouge et fréquenté par les expatriés. Il y fait la connaissance d'un jeune compatriote, employé comme manager d'un train de luxe, le Victoria Express, exploité par un groupe hôtelier français, qui souhaite démissionner : Ronan postule, avec succès, à sa place.


L'hôtel de Sapa en bois et en pierre.

Un train peut en cacher un autre
Le groupe Victoria (voir encadré page 55) exploite le seul hôtel de standing international de la ville de Sapa (voir encadré ci-contre) : le Victoria Sapa Resort & Spa. Le directeur de cet établissement a aussi la charge de l'exploitation d'un train qui achemine dans le plus grand luxe, 6 fois par semaine, les clients de l'hôtel entre Hanoi et Lao Cai, avant un transfert final jusqu'à leur chambre. Il s'agit en fait de wagons accrochés au train qui relie la capitale à la frontière chinoise. Reconstruit dans l'esprit années 1930 où il servait au transport de l'opium, le Victoria Express est paré de bois précieux, de cabines de standing et d'un restaurant : le Tonkin. "Nommé manager du train, je suis devenu chef de département sous la direction du directeur de l'hôtel. Mon salaire était de 1 500 dollars, nourri mais pas logé, avec les assurances et un billet d'avion par an. Je suis resté vingt mois à ce poste, explique-t-il avec enthousiasme. Le directeur de l'hôtel appréciait mon travail. C'est lui qui m'a proposé pour sa succession lorsqu'il a démissionné en juillet 2005. J'avais 31 ans et tout à prouver. Un hôtel, c'est comme une très belle voiture, on pense avoir une idée de la manière de la conduire mais une fois au volant, ce n'est pas si évident." 

SAPA, BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS DU VIÊTNAM
En France, au nord, il y a les corons, au Viêtnam, il y a des montagnes et le village de Sapa. À 380 km de Hanoi, à l'extrême nord du pays, perché le long d'une chaîne montagneuse où culmine le plus haut sommet du pays, le Mont Fan Si Pa (3 143 mètres), le Victoria Sapa Resort & Spa, construit en pierre et en bois, ressemble à un chalet suisse au coeur des Alpes tonkinoises. Sapa était fréquenté par le passé par les notables de la capitale qui venaient chercher dans les hauteurs, un peu de fraîcheur lors de la saison sèche. Le site est remarquable avec ses rizières en terrasses et ses populations minoritaires : les Daos, les Hmongs, les Tays…

La meilleure table du nord du Viêtnam grâce à un chef français
Il relève le défi en août 2005 et prend la tête d'une équipe de 200 personnes. En trois ans, le taux d'occupation des 77 chambres de l'établissement est passé de 50 à 60 %, le train a été reconstruit et un spa de 500 m2 a ouvert en avril 2008. L'arrivée du talentueux chef Alain Nguyen dans les cuisines de l'établissement marque un virage important. "Alain est né à Saigon mais il a la nationalité française. Il a travaillé au Plaza Athénée et au Crillon avec Jean-François Piège. Il applique des techniques françaises à la cuisine vietnamienne. Il rentrera un jour en France pour monter son affaire et vous entendrez parler de lui", assure Ronan. Grâce à lui, la table est devenue la meilleure du nord du Viêtnam.
Respect de l'environnement, écologie, mise en avant des minorités ethniques, prestations hôtelières de qualité mais décalées, authenticité…, le directeur de l'hôtel de Sapa semble baigner dans les valeurs et la philosophie que prône Éric Simard, le directeur du groupe. Mais Ronan Bianchi est surtout la démonstration que la promotion interne n'est pas un vain mot dans ce groupe en plein développement. n zzz36v zzz99

Victoria Hotels & Resorts
101 Tran Hung Dao Street, District 1
Ho Chi Minh City
Viêtnam
victoriahotels-asia.com

LE PARFUM COLONIAL DU GROUPE VICTORIA


Le Tonkin, wagon-restaurant du Victoria Express.

Il suffit d'évoquer le nom de l'actionnaire de la chaîne hôtelière Victoria pour plonger dans un livre d'Albert Londres : Eau et électricité de Madagascar. Cette compagnie a pour principales activités l'exploitation et la transformation du bois, l'immobilier, la production viticole (avec des vignobles de Tokaj en Hongrie), l'immobilier, l'aquaculture et enfin l'hôtellerie.
La filiale Victoria Hotels & Resorts est sa seule participation dans l'hôtellerie, une branche où le groupe aurait investi 60 millions de dollars. La chaîne hôtelière exploite 5 hôtels au Viêtnam, un au Cambodge, un train (le Victoria Express), un bateau de croisière (le Jarai) et deux vedettes rapides pour remonter le Mékong. Positionné comme l'un des premiers groupes hôteliers au Viêtnam, Victoria emploie 1 400 personnes dont une trentaine de Français.
Avec un chiffre d'affaires du pôle hôtelier en hausse de 8,75 % en euros, mais de 23,94 % en dollars, le p.-d.g. d'EEM, François Gontier, annonçait, lors de l'assemblée générale du 26 juin 2008, que la présence de la marque Victoria sur la péninsule indochinoise devrait être marquée par de nouvelles implantations. Ce que confirmait Éric Simard, le directeur général de Victoria Vietnam Group, le 20 juin dernier dans les colonnes du Quotidien du Tourisme, en annonçant une volée de projets d'ouvertures à l'étude au Viêtnam, au Laos, et même en Thaïlande. Les grandes agglomérations jusqu'alors évitées sont dans le collimateur, avec un regain d'intérêt pour les villes de Hanoi, Phnom Penh mais aussi Ventiane. Enfin les perspectives de l'acquisition d'un terrain dans la province de Ha Giang au nord du Viêtnam pour construire un 'éco-lodge' est en projet.

Pour retrouver d'autres conseils et reportages sur le Viêtnam : cliquez ici

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L'Hôtellerie Restauration n° 3098 Magazine 11 septembre 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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