du 11 octobre 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
SELON L'ARTICLE 56 DU PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2008
LA 'PRIME SARKOZY' EST PROLONGÉE ET RÉSERVÉE AUX 30 PREMIERS SALARIÉS
L'article 56 du projet de loi de Finances pour 2008 prévoit de maintenir l'aide forfaitaire à l'emploi des CHR, dite 'prime Sarkozy', dans la limite des 30 premiers salariés de l'entreprise. Ce qui entraîne aussitôt une levée de boucliers de la part de certains syndicats professionnels.
L'aide
forfaitaire à l'emploi dans les hôtels, cafés, restaurants, plus
connue des professionnels sous le nom de 'prime Sarkozy', avait été instaurée
à titre temporaire jusqu'au 31 décembre 2005 dans l'attente de la baisse
de la TVA. Annoncée par Jean-Pierre Raffarin, alors ministre de l'Économie
et des Finances, elle sera finalement mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy, alors aussi
ministre de l'Économie et des Finances. Mais ce dernier demandera à
la profession des contreparties pour les salariés. Ce qui se traduira par la
signature de l'accord du 13 juillet 2004. Accord qui a notamment institué la
suppression du Smic hôtelier, l'octroi d'une 6e semaine de congés
payés, et de deux jours fériés supplémentaires, ainsi que la
mise en place d'un régime de prévoyance pour tous les salariés de
la profession.
La baisse de la TVA en restauration n'étant
pas intervenue au 1er janvier 2006 faute d'un accord au niveau européen,
le gouvernement français prolonge cette mesure pendant encore un an, soit
jusqu'au 31 décembre 2006.
Dans le cadre du contrat de croissance
et de modernisation signé en mai 2006 entre le gouvernement et les représentants
des organisations patronales de la profession, cette aide avait été prolongée
et revalorisée pour certains secteurs comme la restauration, passant de 114,40
à 180 E par mois et par salarié. La prolongation de cette aide était
prévue jusqu'au 31 décembre 2007 par la loi de Finances pour 2007. Mais
dans le projet de loi de Finances pour 2008, s'il est prévu de reconduire cette
aide de façon pérenne, celle-ci ne sera réservée qu'aux 30
premiers salariés de l'entreprise.
André Daguin, président de l'Umih. |
n Un marché de dupes
pour l'Umih
L'Union des métiers
et des industries de l'hôtellerie (Umih) rappelle que, dans le cadre du contrat
de croissance signé entre les CHR et les pouvoirs publics, "la profession
a tenu ses engagements", qui se sont traduits par un salaire minimum revalorisé
de 5,2 % avec la suppression du Smic hôtelier, la modernisation de la convention
collective en 2004 et 2007.
L'Umih invoque la création
de 50 000 emplois depuis la signature des accords en 2004, et la progression des
salaires en 2006 de plus de 3,1 %, soit la deuxième plus forte augmentation
salariale tous secteurs confondus.
Pour l'Umih, ces aides ont apporté
une réponse concrète aux difficultés d'emploi du secteur. Elles correspondent
à un engagement de l'État et n'ont pas été perdues. Dans
le projet de loi de Finances pour 2008, à l'article 56, ces aides sont provisionnées
à hauteur de 555 millions d'euros au lieu de 700 millions d'euros en 2007.
Contrairement aux années précédentes où toutes les entreprises,
quelle que soit leur taille, bénéficiaient des aides à l'emploi,
le projet de loi de Finances pour 2008 limite les aides à l'emploi aux 30
premiers salariés. Cette enveloppe prive plus de 200 000 salariés sur
les 600 000 employés du secteur, des aides que reçoivent leurs entreprises,
ce qui crée un régime à deux vitesses et une discrimination de
traitement entre les salariés. Pour André Daguin, président
confédéral de l'Umih, "on ne veut pas être coupés en deux,
car chaque fois que l'on malmène un gros, cela rejaillit à terme sur
les petits établissements. Si l'on ne prend pas garde, la limite sera de 20
salariés et moins encore".
Didier Chenet, président du Synhorcat. |
n Un
couperet pour les entreprises pour le Synhorcat
Pour Didier Chenet,
président du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers
et traiteurs (Synhorcat), "ce projet arrive comme un couperet sur nos entreprises.
Il n'a jamais été question de supprimer ces aides, au contraire. Il nous
a toujours été assuré qu'elles persisteraient jusqu'à l'obtention
de la réduction du taux de TVA.
Et puis, cette mesure serait
totalement contradictoire avec la promesse du gouvernement, qui était de tout
mettre en oeuvre pour favoriser l'emploi et le pouvoir d'achat dans les entreprises
de main-d'oeuvre. Imaginez un peu l'impact sur les comptes d'exploitation des entreprises
de notre secteur, qui, je le rappelle, représente une force d'emplois de 800
000 personnes. J'ose espérer que cette mesure ne passera pas, car ce serait
vécu comme un véritable coup de poignard par notre profession !"
Le Synhorcat a aussitôt interpellé
le président Nicolas Sarkozy et son gouvernement pour leur demander de tenir
leurs engagements.
Laurent Caraux, président du SNRTC. |
n Douche froide
pour le syndicat national de la restauration thématique des chaînes
Fortes de ces aides, les
entreprises du Syndicat national de la restauration thématique des chaînes
(SNRTC) rappelle qu'elles n'ont eu de cesse, depuis, de revaloriser les salaires,
de réduire le temps de travail, d'améliorer les conditions de travail,
et d'offrir à leurs salariés d'importantes opportunités de formation
pour les aider, individuellement, à progresser.
Elles ont le sentiment d'avoir
véritablement joué le jeu et d'avoir respecté les engagements demandés
par les pouvoirs publics. Grande est leur stupéfaction de constater que l'État
pourrait renier ses propres engagements, en faisant disparaître subrepticement
les aides qui les accompagnaient, puisque ces dernières ne s'appliqueraient
désormais que pour les 30 premiers salariés.
Cette modification, dans les conditions
d'exploitation des opérateurs qui sont les plus innovants, les plus dynamiques, et donc, les plus créateurs d'emplois,
ne peut qu'entraîner un ralentissement du développement de ces entreprises,
et donc, par voie de conséquence, de la création d'emplois.
Les entreprises du SNRTC attendent que le projet
de loi de Finances pour 2008 respecte les engagements pris, afin que les efforts
engagés depuis plusieurs années avec succès ne soient pas remis en
cause.
Le SNRTC, regroupant les enseignes
Amarine, Bistrot du Boucher, Courtepaille, Pizza del Arte, El Rancho, Flam's, La
Boucherie, Léon de Bruxelles, Les Trois Bruxelles, Les Trois Brasseurs, Pizza
Paï, Pizza Pino, représente un peu plus de 7 000 salariés.
Jean-Paul Brayer, président du Snarr. |
n Le Snarr s'élève
aussi contre cet article
Le Syndicat national de
la restauration rapide (Snarr) dénonce les distorsions de concurrence entre
petites et grandes entreprises de la restauration rapide, qui vont entraîner,
pour celles qui ont choisi le développement en propre, une forte pénalisation
avec cet article 56.
Pour le Snarr, si les dispositions
de l'article 56 limitant les aides à l'emploi aux seuls 30 premiers salariés
des entreprises sont votées en l'état, elles entraîneront des différences
de traitement parmi les entreprises adhérentes au Snarr, et parfois même,
au sein de la même entreprise. Ces dispositions sont fondées sur des
critères qui ne prennent pas en compte les réalités économiques
du secteur.
Dans les faits, cet article 56 pénalise
les entreprises qui ont
su regrouper
leurs forces dans des réseaux de succursales (restaurants gérés en
direct) qui sont les investisseurs les plus importants du secteur, ceux qui créent
le plus d'emplois et forment le plus leur personnel. Cette situation, particulièrement
inéquitable, est inacceptable car elle conduira inéluctablement à
un renchérissement des prix consommateur au moment où, déjà,
il existe une très forte augmentation du coût des matières premières.
Un impact nul ou très
faible pour une majorité d'entreprises
Selon les déclarations
à l'AFP de l'entourage de la ministre de l'Économie, des Finances
et de l'Emploi, Christine Lagarde, la limitation des aides à l'emploi pour
le secteur des hôtels, cafés, restaurants (HCR) prévue dans le budget
2008, aura un "impact nul ou très faible" sur une grande majorité
d'entreprises. Le ministère justifie sa position en rappelant que la Commission
européenne a accepté, "exceptionnellement", une nouvelle aide pour
le secteur du 1er janvier au 31 décembre 2007, mais a "bien fait
comprendre" que pour 2008, cette autorisation ne serait pas renouvelée.
Et d'expliquer que, dans le respect des engagements du président de la République,
Christine Lagarde a tenu à rendre permanente l'aide aux HCR. C'est la raison
pour laquelle le projet de loi de Finances pour 2008 prévoit ainsi une aide
pérenne au secteur à compter de janvier 2008, mais plafonnée à
30 salariés par entreprise, l'aide ne pouvant être supérieure à
200 000 euros sur trois ans. Le ministère de l'Économie, des Finances
et de l'Emploi considère que les entreprises qui seront les plus affectées
sont les entreprises les plus importantes, celles qui, a priori, ont le moins besoin
d'aide, alors qu'inversement, pour les plus petites entreprises, qui ont le plus
besoin d'aide, celle-ci est pérennisée.
Pascale
Carbillet
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Article
56 : Prorogation des aides à
l'emploi en faveur des employeurs du secteur des hôtels, cafés et restaurants
L'article 10 de la loi n° 2004-804
du 9 août 2004, pour le soutien à la consommation et à l'investissement,
est ainsi modifié : Exposé des motifs : |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3050 Hebdo 11 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE