Croisière en mer, sur un
fleuve, sur un yacht, un voilier ou un ferry : des emplois
aux différences singulières
Les mers et les fleuves sont
des univers mouvants où les emplois se déclinent selon les
préceptes de l'embarcation qui vous accueille. Quelles
différences entre la croisière en mer, sur des fleuves, sur
des ferries ou dans le monde de la plaisance. Un seul
dénominateur commun : une charge de travail important
surtout dans les métiers de l'hôtellerie et de la
restauration. Dossier réalisé par François Pont, auteur du
Guide des jobs à bord*.
La croisière maritime
«Une aventure humaine et professionnelle»
En 2007, on estimait la flotte de paquebots à 320 unités, 38
nouveaux navires sont attendus à l'horizon 2012. Avec la
classe des «Genesis», c'est désormais plus de 8 000
personnes (5 400 clients et 2 600 membres d'équipage) qui
pourront résider à bord. Avec des chiffres pareils, les
besoins en personnel dans un secteur où l'on compte un
employé pour deux ou trois clients, ne sont pas prêts de tarir.
Les métiers les plus prégnants sur ces hôtels flottants sont
ceux de l'hôtellerie, de la restauration, de la vente et du
spectacle. Travailler sur un bateau de croisière, c'est
l'opportunité de découvrir le monde, d'apprendre des langues
étrangères, de gagner de l'argent mais aussi de pratiquer
son métier dans des conditions valorisantes.
Le confort des navires est varié mais d'une manière générale
on trouve à bord une gamme de services hôteliers et de
restauration complète et de plutôt bonnes factures, du self au
restaurant gastronomique ce qui offre aux jeunes
professionnels un cadre d'évolution qui n'est pas «au
rabais».
Le travail est intense et moins rémunérateur actuellement
pour les Européens de la zone euro à cause de la baisse du
dollar. Les candidats devront orienter leur candidature vers
des compagnies qui payent en euros ou offrent des
compensations.
Travailler dans la croisière n'est pas un choix anodin, on
ne part pas pour un soir ou une semaine. Les contrats sont
de six mois sans retour et attirent plutôt des jeunes sans
vie de famille. Outre la découverte d'autres horizons, la
croisière est l'un des rares secteurs à permettre une
expérience humaine sans équivalent : la possibilité de
travailler avec 60 nationalités différentes sans
discriminations de sexe ou de races
(Comment choisir sa compagnie
de croisière, François Pont a choisi de vous en présenter
quatre :
cliquez ici).
La croisière fluviale
«Des voyages pas trop lointains et des salaires en euros»
Les entreprises qui animent le secteur de la croisière
fluviale sont moins connues que les grandes compagnies
maritimes. Ce marché plus restreint présente pourtant
l'avantage de ne pas être en surcapacité. La couleur de
l'eau des fleuves nourriciers qui quadrillent notre vieux
continent n'est pas toujours turquoise, elle peut être
pourtant le cadre d'une première expérience de croisière,
préambule à une plus lointaine carrière maritime. Le marché
fluvial français est en progression constante de plus de 10 % par an depuis 5 ans et présente un fort potentiel de
développement.
La croisière fluviale a l'avantage d'offrir des emplois sans
être contraint de s'expatrier sous d'autres latitudes.
Le potentiel d'embauches est plus limité par la simple
taille des bateaux, plus modestes que celle des
paquebots-usines de plusieurs milliers de passagers qui
évoluent en haute mer.
L'activité est saisonnière. Il est difficile d'être embauché
à l'année. Les salaires sont souvent fixes, plus faibles que
dans le maritime, ils ne réservent pourtant pas de mauvaises
surprises au niveau du change puisqu'ils sont versés en euros
ou en francs suisse.
Une société comme CroisiEurope basée à Strasbourg a une
politique de recrutement très énergique au point d'embaucher
des étudiants pour faire face à ses besoins saisonniers. Les
hôteliers et les restaurateurs sont très convoités par ces
compagnies de croisière fluviale. |
Les ferries
«Des emplois presque comme à terre»
À la condition qu'ils aient un lien avec nos côtes (liaisons
transmanche, rotation Corse-continent…), les compagnies de
ferries offrent à bord une vie presque équivalente de celle à
terre. Les liaisons courtes ne sont pas plus contraignantes
que celles imposées aux navigants aériens. La vie de famille
est possible, les salaires sont en euros et surtout les
contrats de droit français garantissent tous les avantages
sociaux : retraite, chômage, sécurité sociale? voire plus.
Avant sa privatisation, la SNCM était réputée pour le sort
très privilégié de ses navigants. Encore une fois, ce sont
les hôteliers qui sont recherchés en particulier lors du
regain d'activité estivale. Ainsi Brittany Ferries recrute
une centaine de saisonniers en CDD entre juillet et
septembre, essentiellement pour des postes de serveurs et de
serveuses.
Le lien avec les clients est plus distant que sur les
bateaux de croisière car les séjours sont courts et les
prestations hôtelières embarquées sont plus proches de la
restauration collective que des palaces.
L'exotisme, c'est pour les grandes croisières maritimes et
le pragmatisme pour l'activité ferry où l'on garde presque
un pied à terre.
À noter que les compagnies de ferry privilégient les
candidats qui résident dans les régions où elles sont
implantées, Bretagne et Normandie pour Brittany Ferries, la
Provence pour la SNCM et en particulier les Marseillais. Ces
armateurs ne se limitent pas aux liaisons de côte à côte
mais proposent aussi des mini-croisières, comme Corsica
Ferries.
La plaisance
«Un monde secret»
La plaisance est un univers clos d'initiés où l'amour de la
mer le dispute aux qualités professionnelles et humaines.
Dans ce microcosme de nomades, tout le monde se connaît.
Les skippers se retrouvent d'un port à l'autre, partageant
expériences et souvenirs. Ils se transmettent les numéros de
cuisiniers disponibles ou d'hôtesses expérimentées.
La solidarité est très forte, le principe du réseau domine.
Travailler sur un voilier ou un yacht, c'est un moyen
d'exercer un métier et de gagner sa vie mais c'est surtout
un choix de vie.
La plaisance est divisée en deux mondes, d'une part le
milieu de la voile, c'est un univers de passionnés mais peu
rémunérateur. Les liens avec les clients sont plus proches.
Ces derniers participent à la vie à bord. D'autre part : le
yachting avec son diesel et ses princes arabes. Les
mercenaires de la mer : cuisiniers, serveuses, skippers,
offrent leur service en échange de salaires confortables.
Ils sont d'un professionnalisme, d'une disponibilité et
d'une discrétion sans faille. Le yachting, c'est un club
privé où «les clients ne font rien». Dans la voile mais de
manière encore plus prononcée dans le yachting, les places à
bord se transmettent de bouche à oreille ou sur
recommandation. Pour des postes d'hôtesse ou de cuisinier, la
détention du livret maritime n'est pas incontournable, une
promesse d'embauche et des diplômes professionnels seront
suffisants.
Les postes sont souvent couplés, le skipper est aussi le
cuisinier et sa compagne fait office d'hôtesse. Dans le
yachting, les employés sont plus nombreux et la pratique des
métiers de l'hôtellerie se rapproche du service au
particulier ou en maison bourgeoise. Les cuisiniers doivent
aussi disposer d'aptitudes supplémentaires liées au milieu
maritime comme faire du pain avec de l'eau de mer ou
réaliser des menus pour des clients fragilisés par le mal de
mer. Pour les défraiements, c'est l'omerta. Les salaires et
pourboires ne font pas toujours l'objet de cotisations
sociales et peuvent atteindre des montants élevés.
À noter que l'ANPE d'Antibes a délégué l'un de ses
conseillers au seul secteur de la plaisance. |
* Pour en savoir plus et
commander l'ouvrage :
embarquer.net Des Visages Éditions –
prix de vente : 16,90 euros. Disponible également à la Fnac
et sur fnac.com
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croisières :
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